Les combats ayant eu lieu à Pinols (Haute-Loire, les 10 et 11 juin 1944 font partie des combats du Mont-Mouchet, l’offensive allemande contre la concentration de maquisards appelée par le colonel Gaspard. 50 trouvèrent la mort ici, 19 le 10 juin et 31 le lendemain dont 31 aux combats du Crépoux. On dénombre aussi 10 civils tués. Plusieurs résistants ont été fusillés ou exécutés sommairement.

Monument commémoratif du Corps Franc des Truands et de victimes civiles
Plaque commémorative à Pinols, située à l’intersection de la D41 et D412 à 13 KM de Clavières et 8 KM de Pinols non loin du Mont Mouchet
Stèle commémorative à Pinols, à 200 m du lieu dit "La Font-du-Faux".
Monument commémoratif de Pinols. Situé près du Monument aux Morts - A la mémoire des otages de la commune de Pinols fusillés par les Allemands le 11 Juin 1944.
Venant de Langeac, 450 hommes arrivent à Pinols vers 16 h 30 – 17 heures le 10 juin 1944. Ce sont deux compagnies du 19e régiment SS de police de l’ordre, stationnées à Tulle et une compagnie du 958e bataillon antiaérien. Vers 18 heures, ils sont aux « Quatre Routes », commune de Pinols (Haute-Loire). Les « Truands », 32 volontaires commandés par le lieutenant Malaise et quelques jeunes Aurillacois les attendent depuis le début de l’après-midi. Le combat dure plus de deux heures mais les assaillants sont plus nombreux, aguerris, il ne s’agit pas de volontaires de l’Est. Ainsi quand une mitrailleuse s’enraie les « Truands » sont encerclés, ils ne se sont pas ménagés une voie de repli, 20 à 22 furent tués et massacrés sur place (un seul cadavre sera retrouvé avec la boîte crânienne intacte). Les autres arrivent à se replier et les Allemands passent la nuit à Pinols. Les pertes allemandes ne sont pas précises (de 1 à 10 tués ce jour là).
Dans la matinée du 11 juin, les attaquants de la veille fusillent cinq personnes avant de partir pour Tulle, leur lieu de cantonnement, via Le Lioran ; ils sont remplacés par deux bataillons du 1000e régiment de sécurité motorisé commandé par le colonel Abel. Ce régiment, venu de Montargis, était arrivé à Coudes (20 km au sud de Clermont-Ferrand) le 9 juin. Après Brioude, le 1er bataillon (commandant Volnat) a suivi la D41. Arrivé aux quatre routes de Pinols, il continue par la D41 pour se diriger directement vers le Mont-Mouchet, tandis que le 2e bataillon (commandant Schwarz), venu par Langeac, s’engage dans des chemins vers le Sud-Est. Mais les véhicules ne peuvent avancer dans les chemins forestiers et le 2e bataillon rejoint le 1er.
Trois compagnies de maquisards (10e – 11e – 14e) ont pris position sur les hauteurs dominant le pont du Crépoux. Le combat s’engage dans la matinée entre 10 et 11 heures. Les maquisards, bien postés, arrêtent la progression allemande pendant 3 heures. Côté allemand, c’est la deuxième compagnie du 1000e qui mène l’attaque, il s’agit de soldats aguerris, bien armés, ils disposent de deux canons de 20 mm et surtout de ce que les Américains surnommeront la tronçonneuse d’Hitler la redoutable mitrailleuse MG 42, de calibre 7,92 mm qui crache 20 balles à la seconde – 4 ou 5 fois plus rapide que celles des maquisards – avec des bandes de 250 cartouches et dont le canon peut être changé en 10 secondes.
Plusieurs maquisards (5 à 7) sont tués, les Allemands sont maîtres du Pont du Crépoux qui, bien que miné, ne saute pas, personne ne savait utiliser les explosifs. Le 1er bataillon continue sur la D41 tandis que le 2e bataillon oblique au sud-est vers Le Pavillon. Les maquisards se replient harcelés par les tirs des canons jusqu’à la nuit, ils se dirigent vers le sud, Paulhac, Saint Privat du Fau et le Malzieu pour s’échapper.
Le 11 juin, les Allemands prennent plusieurs civils en otage et les exécutent à plusieurs endroits, en particulier au "Garage de Court" et à "La Font-du-Faux".
L’enquête pour crimes de guerre établit qu’une trentaine de FFI avaient été abattus après avoir été arrêtés, beaucoup n’ayant pu être identifiés. D’autres sont achevés sur place. Ces exactions s’accompagnent de nombreux vols dans les fermes alentours.
A noter qu’un certain Dantal, chauffeur du car Pinols-Langeac fut considéré à tort comme figurant parmi les victimes dans un rapport adressé au Préfet le 14 juin 1944.
Liste des victimes
Résistants tués le 10 juin 1944 aux Quatre-Routes
ANDRIEUX Pierre
BARTHOMEUF Jean-Baptiste
BELIN Pierre
BERGOIN Pierre
CHANY Eugène
COSTE Théophile
DELANEUVILLE Claude
DOURIS Roger
FOURNIER Émile
GUASTALLA Claude
GUINOT Robert
LACROIX Henri
LIZET Émile
MALAISÉ Gilbert
NICOLAS Henri
PIOTON Pierre
PORTA Louis
REY Gaston
RIOUX Roger
ROCHE Marcel
RONECKER Paul
SCHILLER Théo
Tués du 11 juin 1944 au Crépoux
BINET Georges
BOJOLY Lucien
BRUNEL Albert
CASAFONT Hermenigildo
CHANET Louis
COHADON Pierre
COISSARD Alfred
DELARBOULAS Francisque
DELLENBACH Pierre
DUGAT Marcel
DUGAT René
GUÉRA
HOROWITZ Abraham
HUDECEK Richard
JACQMIN Ferdinand
LEGLAND Didier
MESSELOD Georges
MULLER Victor
OOMS Firmin
PASSERA Paul
PÉRETON Henri
PERSCEAU Jean
RAMSTEIN Charles
RIBEROLLES Eugène
RIU Georges
SERVAGNAT Henri
TEREBUS Stanislas
VANBORREN Jean
WAËLE Maurice de
Civils tués
HUGON Alexandre
HUGON Laurent
GAUTHIER Régis
JULIEN Clément
LEBRAT Alphonse
LÈBRE Barthélémy
PELON Pierre
PIÉDOUE Louis
RAYNAUD René enfant mort le 7 octobre 1944
REYNAUD Alphonse
Sources

SOURCES : Arch. dép. du Puy-de-Dôme, 908 W 93, crimes de guerre à Pinols, Auvers. — https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_du_Mont_Mouchet. — Manuel Rispal, Tout un monde au Mont-Mouchet, 1940-1945 : épopée et histoires humaines, 2éme édition, éd. Authrefois, 2021, 131 p. — Livre d’Or édité par les Maquisards et Résistants de la Banque de France, Chamalières, Vic-Le-Comte, Clermont-Ferrand, Imprimerie Egullion, 1971. — Fernand Boyer, Témoins de pierre du sang versé : Les monuments de la Résistance en Haute-Loire, Le Puy, Éditions de la Société académique, 1983, 251 p. — Jean Favier, Lieux de mémoire et monuments du souvenir. Cantal, 1940-1944. Aurillac : Association des Maquis et Cadets de la Résistance du Cantal, 2007. — Note d’information. Exécutions par les troupes allemandes de plusieurs personnes de Pinols. Le Puy, le 14 juin 1944. DP/B L.P./D. n°2516 (archives Roger Maurun). — Mémorialgenweb. — État-civil Pinols.

Eric Panthou

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