Entre le 21 février 1942 et le 7 juin 1944, 46 résistants furent fusillés au champ de tir de Belle-Beille, à Angers, pour la plupart d’entre eux après condamnation à mort d’un tribunal militaire allemand et pour deux (les deux derniers) en juin 1944 d’une cour martiale de la Milice de Vichy.

La ville d’Angers constituait pour l’administration allemande de la zone occupée un centre névralgique. Dès la fin de l’été 40 la France occupée fut partagée par le Commandement militaire en France (MBF, Militärbefehlshaber in Frankreich) en 5 districts, Angers étant le centre du district B. En avril 1941, l’administration militaire allemande (Militärverwaltung B) s’installa à Angers exerçant son influence sur 17 départements du Grand Ouest et la SIPO-SD se structura en service régional en Juin 1942 toujours à Angers.
 
Dès le début le MBF installa auprès des Feldkommandanturen, des tribunaux militaires, à Angers le FK 595, chargé de réprimer les délits déterminés par l’armée d’occupation et susceptibles d’entraîner une condamnation à mort. Parmi ces délits la non-remise d’armes à feu fut au début un motif fréquent de condamnation à mort avant que les condamnations pour faits de résistance ne prennent le dessus. Après l’incarcération à la prison du Pré-Pigeon à Angers, la condamnation à mort par le tribunal militaire allemand FK 595 (ou par d’autres tribunaux de la région) était suivie de l’exécution au champ de tir de Belle Beille, actuelle avenue Notre-Dame-du-Lac, installé par l’armée française vers 1876 et réquisitionné par l’armée allemande. 44 des 46 fusillés furent victimes de ces tribunaux militaires constitués de trois juges militaires, où l’apparence de légalité donnée à la présence d’un avocat cachait en fait une restriction considérable des droits de la défense.
 
Les deux derniers fusillés début juin 1944 furent condamnés par une Cour martiale de la Milice de Vichy créée le 20 janvier 1944 par Joseph Darnand secrétaire général au Maintien de l’ordre. Formées de 3 juges itinérants (dans le cas présent délégués à Angers par l’adjoint de Darnand en zone nord) ces cours rendaient une justice encore plus expéditive. Marc Bergère (Une société en épuration op. cit.) rapporte que « le surveillant-chef de la maison d’arrêt reçoit dans l’après-midi du 6 juin l’ordre de préparer une salle pour la cour martiale en même temps que celui de prévenir l’aumônier ». 
 
Liste des 46 fusillés.
 
ALBERT Robert
ALIX Gabriel
ALIX Julien
BACQUET Maxime
BASTIANI Laurent
BEURET Georges
BOUILLET Louis
BOURDOULOUS Paul
BRIAUDET Charles
CHEMIN François
CHOIMET Louis
CLÉMENT Alfred
COQUET Louis
COLIEZ Gustave
DELAGE Octave
DELAUNAY Jacques
DENIAUD Henri
DUVAL Raymond
EVEN Yves
GARGOT Louis
GICQUEL Eugène
GIRAN Olivier
LAGARDE Émile
LE LUC Maurice
LEGENDRE Pierre
LERBRET Marcel
LEVANT Pierre
LOURIOUX André
MANDOUL Raoul
MÉRAND André
MICHELSKY Johannes
MILLET Jacques
MOINE André
MONSSION Jack
MUZARD Michel
NOUVEL Alexis
PEIGNAUD Joseph
PORCHER Pierre
ROLLAND Jan
SINDIC Charles
TAVERNE Jean
THOMAZIC Henri
TIGEOT Adrien
TROUSSART François
TSCHANZ Robert
VUILLECOT Jean
 
Une stèle fut inaugurée le 28 septembre 1952 réalisée par un sculpteur angevin René Guilleux. En 2013, on ajouta sur cette stèle une plaque avec le nom de chaque fusillé. Une cérémonie mémorielle est organisée tous les ans au mois de novembre.
Sources

SOURCES : Marc Bergère, Une société en épuration, Épuration vécue et perçue en Maine-et-Loire. De la Libération au début des années 50, Éditeur Presses Universitaires de Rennes. 2004. — Virginie Sansico, France, 1944 : maintien de l’ordre et exception judiciaire. Les cours martiales du régime de Vichy Politique, culture, société, N°3, novembre – décembre 2007. — Justine Bihl, Louise Capu, Clara Stromboni, Les fusillés de Belle-Beille : 21 février 1942-7 juin 1944 : des noms dans la pierre car ils s’engagèrent pour libérer la France, Ed. du Petit pavé et Archives départementales de Maine-et-Loire. Septembre 2020.

Michel Thébault

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